La commission des Finances de l'Assemblée nationale a récemment validé un amendement pour que tous les étudiants, sans conditions de ressources, puissent accéder aux repas Crous à 1 euro dès la rentrée 2025. Cette initiative, attendue depuis plusieurs années, pourrait changer la donne pour de nombreux jeunes en situation de précarité. Voici un tour d’horizon complet des enjeux, coûts et débats autour de cette mesure qui divise autant qu’elle enthousiasme.
Introduit en pleine crise sanitaire en 2020, le repas à 1 euro au Crous avait initialement été mis en place pour soutenir les étudiants boursiers fortement touchés par la crise. La mesure a ensuite été étendue aux étudiants non-boursiers en situation de précarité. Aujourd’hui, la commission des Finances souhaite aller plus loin en ouvrant l’accès à tous les étudiants, quels que soient leurs revenus, pour un coût estimé à 90 millions d’euros par an. Ce geste représenterait un soutien substantiel pour des milliers d’étudiants confrontés à des budgets serrés, et marque une volonté de renforcer la justice sociale dans les universités.
Les chiffres témoignent de la gravité de la situation. Selon les dernières données de l’association Cop1, près d’un étudiant sur trois survit avec moins de 50 euros par mois, et un sur trois doit sauter des repas régulièrement par manque de moyens. La moitié des jeunes interrogés déclarent avoir déjà dû renoncer à un repas pour des raisons financières, et plus de 20 % d’entre eux ont recours à l’aide alimentaire.
Critère de précarité | Données actuelles |
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Étudiants sautant des repas | 1 sur 3 |
Étudiants ayant moins de 50 €/mois | Près d’un étudiant sur trois |
Recours à l’aide alimentaire | Plus de 20 % |
Part d'étudiants boursiers | 25 % des étudiants |
Budget annuel pour la mesure | 90 millions d’euros/an |
Coût d’un repas au tarif public Crous | 3,30 euros |
Coût réel d’un repas au Crous | 8 euros |
Si cette initiative suscite de nombreux soutiens, elle rencontre aussi des oppositions au sein de l’hémicycle. Pour les élus favorables, comme la députée socialiste Céline Hervieu, il s’agit d’une solution nécessaire face à la montée de la précarité alimentaire. "Offrir un repas abordable à chaque étudiant est une mesure de solidarité nationale et de justice sociale," souligne-t-elle.
Cependant, des voix critiques se font entendre, notamment du côté du groupe Renaissance. Thomas Cazenave, rapporteur pour le groupe, qualifie cette généralisation de « très régressive ». Selon lui, subventionner les repas de tous, sans distinction de moyens, représenterait un gaspillage des ressources publiques. Il rappelle que le tarif Crous de 3,30 euros est déjà socialement ajusté et qu’un repas coûte en réalité 8 euros à l’État.
D’autres élus, notamment du groupe LFI, estiment toutefois que la notion d’universalité est essentielle pour garantir l’égalité de droits. Le député Aurélien Lecoq défend l’amendement, rappelant que « le principe républicain d’égalité devrait s’appliquer à l’ensemble des services publics, sans conditions ». Cette mesure universelle trouve également un soutien inattendu de la part de Jean-Philippe Tanguy, député du RN, qui a affirmé que son groupe voterait en faveur de l’amendement, soulignant le caractère urgent de la précarité étudiante.
Si le projet est adopté dans le budget final, cette mesure entrerait en vigueur dès la rentrée 2025, avec une portée immédiate sur les dépenses alimentaires des étudiants. Ce changement permettrait non seulement d’alléger les charges des jeunes, mais il pourrait aussi avoir des retombées positives sur la santé et le bien-être de milliers d’étudiants, souvent contraints de se nourrir avec des budgets extrêmement limités.
Outre le repas à 1 euro, les organisations étudiantes, telles que l'UNEF, appellent à des mesures plus larges pour une véritable réforme de l’aide aux jeunes, notamment la création d’une allocation d’autonomie universelle. Cette allocation permettrait aux étudiants de se concentrer pleinement sur leurs études sans devoir multiplier les petits emplois, souvent précaires et chronophages. L'idée est de garantir un niveau de vie minimum aux étudiants, une initiative qui pourrait également aider à résoudre la crise du logement étudiant et l’accès à des soins de qualité.
La balle est désormais dans le camp de l’Assemblée nationale, qui débattra de la loi de finances dans les prochaines semaines. Si la mesure est adoptée, elle pourrait représenter une étape décisive dans la lutte contre la précarité étudiante. Pour de nombreux jeunes, le repas à 1 euro incarne une solidarité concrète, dépassant les discours et apportant une réponse immédiate à des besoins quotidiens essentiels.
L’adoption de cette mesure constituerait une avancée marquante, mais pour les syndicats étudiants, elle doit s’accompagner de réformes plus larges pour renforcer le soutien global aux étudiants, y compris par le logement et les aides sociales.