Quelles sont les étapes pour racheter une maison en cas de séparation ?

Lors d'une séparation, le rachat de la part de son conjoint dans un bien immobilier commun nécessite de suivre plusieurs étapes essentielles. Découvrez comment procéder pour mener à bien cette opération de rachat de soulte.

1. Estimer la valeur du bien immobilier

Pour déterminer la part de chacun, il est primordial de disposer d'une estimation précise du bien. Faire appel à un professionnel de l'immobilier, comme une agence ou un notaire, permet d'obtenir une évaluation fiable de la valeur de la maison ou de l'appartement. Vous pouvez également utiliser un site gratuit comme seloger.com afin d'être mis en relation avec des agences immobilières qui se déplaceront pour estimer votre bien gratuitement.

Idéalement, les deux parties devraient entreprendre cette démarche afin d'avoir plusieurs estimations et de s'approcher au plus près de la valeur réelle du bien. En effet, les ex-conjoints doivent s'accorder sur cette valeur pour procéder à un rachat de soulte à l'amiable. En cas de désaccord ou de séparation conflictuelle, l'intervention du tribunal sera nécessaire.

2. Identifier la quote-part de chaque propriétaire

L'acte de vente authentique, rédigé par le notaire et signé par les acheteurs et le(s) vendeur(s), mentionne la quote-part de chaque propriétaire. Différents cas de figure peuvent se présenter selon le statut matrimonial :

  • Couple uni sous le régime de la séparation des biens : chacun dispose de 50%, sauf mention contraire dans le titre de propriété (60/40, 70/30, etc.) ;
  • Couple marié sous le régime de la communauté de biens : l'habitation est possédée à parts égales.

3. Calculer le montant de rachat de la part du conjoint (soulte)

Une fois la quote-part de chaque membre du couple vérifiée, il est possible de définir précisément le montant de la part à racheter en tenant compte de l'encours du prêt immobilier, s'il existe.

Avec un crédit immobilier en cours

Si un prêt immobilier est toujours en cours de remboursement, le calcul est plus complexe. Le conjoint qui rachète la part deviendra seul redevable du crédit. Il faut alors soustraire le solde du capital restant dû selon la quote-part du montant de la soulte à verser.

Exemple :

  • Valeur du bien : 300 000 € ;
  • Capital restant dû : 100 000 € ;
  • Quote-part de chaque conjoint : 50/50 .

🔢 Montant de la part à racheter : (300 000/2) - (100 000/2) = 150 000 - 50 000 = 100 000 €

Le conjoint devra régler 100 000 € à son ex-conjoint tout en continuant à rembourser le solde du crédit immobilier.

Sans crédit immobilier en cours

Si le couple ne rembourse plus d'emprunt, le calcul est simple. Par exemple, pour un bien estimé à 280 000 € possédé à 50/50, le propriétaire désirant racheter la soulte devra verser 140 000 € à son ex-conjoint.

4. Se désolidariser du prêt ou faire un rachat de prêt immobilier

Après avoir déterminé le montant du rachat de soulte, il faut réfléchir à son financement :

  1. Recourir à un nouvel emprunt ;
  2. Puiser dans ses fonds propres.

S'il existe un crédit immobilier en cours, il est indispensable de se rapprocher de la banque émettrice pour procéder à une désolidarisation de prêt, c'est-à-dire modifier le contrat au seul nom du conjoint conservant le logement.

définition de la désolidarisation d'un prêt vu par Pretto

Pour la plupart des établissements bancaires, le rachat de soulte est considéré comme un achat immobilier classique. Par conséquent, les conditions d'accès sont très proches de celles d'un prêt immobilier traditionnel. Voici les principaux critères pris en compte par les banques :

  • Adéquation des revenus au projet :
    • Vos revenus doivent être suffisants pour assurer un reste à vivre confortable, couvrir vos dépenses courantes et permettre une épargne.
    • Un taux d'endettement inférieur à 33% est apprécié, mais pas toujours exigé.
  • Apport personnel solide :
    • Fournir un apport conséquent rassure la banque, qui n'est ainsi pas la seule à prendre des risques.
    • Plus votre apport est important, plus vous augmentez vos chances d'obtenir un prêt.
  • Gestion raisonnable des comptes :
    • Même avec des revenus élevés, des découverts fréquents peuvent susciter la méfiance de votre banque.
    • Une bonne gestion financière est un atout pour l'obtention d'un prêt.
  • Situation professionnelle et âge :
    • Être en CDI et avoir moins de 65 ans sont des critères importants, en particulier pour les prêts de montants élevés.
    • Cependant, certaines conditions peuvent assouplir ces exigences, comme avoir un conjoint en CDI ou faire preuve d'une excellente gestion financière.

⚠️ Attention, la banque peut refuser cette opération si elle juge que le nouvel emprunteur n'a pas les capacités financières suffisantes. Voir les solutions proposées en cas de refus de rachat de soulte.

5. Officialiser le rachat de part chez le notaire

Le rachat de part d'une maison par un conjoint doit obligatoirement être officialisé par un notaire, car il s'agit d'un transfert de propriété. Le notaire précise et détaille toutes les conditions de la transaction dans un acte signé par les deux parties.

En cas de divorce, l'époux souhaitant racheter la maison doit se tourner vers un notaire avec la convention de divorce contresignée par les avocats. Le notaire établit alors un état liquidatif sur le patrimoine immobilier commun acquis par les époux, dès lors qu'il y a au minimum un bien immobilier en jeu.

L'état liquidatif récapitule le(s) bien(s) constituant le patrimoine immobilier et leur valeur respective. Le notaire délivre ensuite une attestation de valeur, servant de référence au calcul du montant de la soulte. Si les ex-époux se sont entendus sur la valeur du bien et le montant de la soulte, cette attestation n'est pas obligatoire.

définition L'état liquidatif par le site avocat-gc.com

6. Prendre en compte la fiscalité applicable

Outre les frais inhérents au rachat de soulte (frais de notaire, frais de dossier pour l'emprunt bancaire, pénalités de remboursement anticipé, etc.), l'opération a certaines incidences fiscales :

  • Anciens couples mariés ou pacsés : droits de partage au taux de 1,10% calculés sur la valeur globale du bien (soulte comprise). Si un emprunt est en cours, les droits se calculent sur la valeur du bien après déduction du capital restant dû. Exemple : (300 000 - 100 000) x 1,10% = 2 200 €
  • Ex-concubins : droits de mutation à hauteur de 5,8% calculés sur le montant de la soulte à racheter.

Les droits de mutation et les différentes taxes sont prélevés directement par le notaire lors de la transaction et reversés au Trésor public et aux collectivités locales.

Rachat de parts d'une maison familiale suite à une succession

Lorsqu'un parent décède, il est fréquent que ses enfants héritent chacun d'une part de la maison familiale, créant ainsi une situation d'indivision. Si l'un des héritiers souhaite devenir l'unique propriétaire du bien pour y habiter, il peut procéder au rachat des parts détenues par ses frères et sœurs en leur versant une compensation financière appelée soulte.

Deux cas de figure se présentent alors :

  1. Les parts ne sont pas mentionnées dans le testament : les héritiers peuvent soit s'accorder sur la répartition, soit faire appel à un juge pour estimer la valeur du bien ;
  2. Les parts respectives des héritiers sont précisées dans le testament : la procédure est alors similaire à celle d'un rachat de parts suite à une séparation.

Une fois l'estimation réalisée, le processus de rachat peut être initié par un ou plusieurs héritiers. Pour évaluer la faisabilité financière de l'opération, il est recommandé d'effectuer une simulation.

La SCI : une solution pour racheter les parts d'une maison après une séparation

En cas de divorce, la création d'une Société Civile Immobilière (SCI) peut faciliter le rachat des parts d'un bien immobilier détenu en indivision par les ex-conjoints. Prenons l'exemple d'un couple propriétaire à 50/50 d'un appartement. Le conjoint souhaitant racheter les parts de l'autre peut créer une SCI, dont il deviendra le gérant, et s'associer avec d'autres personnes (parents, par exemple).

Le rachat s'effectue alors en deux étapes :

  1. La SCI rachète les parts du conjoint vendeur ;
  2. Le conjoint acheteur apporte sa propre part à la SCI nouvellement créée.

Cependant, deux conditions doivent être remplies :

  • La SCI ne doit pas être créée dans le seul but de cette opération. Il est conseillé que le conjoint acheteur détienne moins de 50% des parts de la SCI avant le rachat, sous peine que l'Administration considère l'opération comme une vente à soi-même, entraînant la perte des avantages fiscaux et des pénalités.
  • La SCI doit disposer des fonds nécessaires pour racheter les parts et assumer les frais liés à l'appartement. La mise en location du bien peut permettre de couvrir tout ou partie des mensualités de remboursement de l'emprunt.

Manuel Martin

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Mis à jour le 13 août 2024
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