L’Allocation aux adultes handicapés (AAH), qui assure un revenu minimum aux personnes en situation de handicap, est source d'inégalités criantes pour les expatriés français. En dépit de leur citoyenneté, ces derniers sont soumis à des critères drastiques, bien différents de ceux appliqués en France. Alors, les Français de l'étranger sont-ils des citoyens de seconde zone ?
En France, l’AAH offre une bouée financière (voir les nouvelles conditions sur l'augmentation de l'AAH) en 2025 à ceux dont le handicap limite la vie quotidienne ou l’accès à l’emploi. Pour y prétendre, les critères sont stricts :
Mais une fois à l’étranger, la donne change. Les Français établis hors du territoire voient leur situation traitée avec une rigidité surprenante. Le ministère des Affaires étrangères gère leur dossier à travers les consulats, souvent avec des montants très inférieurs, et sans aucune garantie légale.
Les Français vivant à l'étranger peuvent demander l'AAH auprès de leur consulat. Mais les conditions sont loin d’être équitables :
Ces disparités placent les expatriés en situation de précarité, souvent dépendants d’aides aléatoires et sans cadre juridique clair.
Face à ces inégalités, deux sénatrices, Mathilde Ollivier et Mélanie Vogel, veulent réformer le système. Leur proposition ?
Créer un cadre législatif qui harmonise les critères d’attribution de l’AAH pour les Français de l’étranger. Cela inclurait :
Mais cette réforme est loin de faire consensus. Les objections budgétaires pleuvent : en 2023, le rapporteur du projet de loi de finances affirmait que les coûts seraient « insupportables » pour le programme d’aide consulaire.
En France, les bénéficiaires de l’AAH peuvent toucher jusqu’à 971,37 € par mois, selon leur situation. À l’étranger, le montant est souvent bien moindre :
Critère | France | Étranger |
---|---|---|
Taux d’incapacité requis | ≥ 50 % (sous conditions) | ≥ 80 % obligatoire |
Montant maximum mensuel | Jusqu’à 971,37 € | 321,45 € en moyenne |
Base légale | Encadrée par la loi | Décision consulaire aléatoire |
Déconjugalisation appliquée | Oui | Partiellement |
Le constat est clair : les Français à l'étranger reçoivent un traitement qui, malgré leur citoyenneté, les laisse dans une situation de dépendance.
La proposition de loi déposée par les parlementaires pourrait marquer un tournant historique en alignant les droits des expatriés sur ceux des résidents. Mais la réforme reste suspendue aux priorités budgétaires.
En attendant, des milliers de Français à l’étranger vivent avec une AAH insuffisante ou inexistante, alors même que leur handicap reste le même, peu importe la latitude.
La République se veut indivisible. Mais pour les Français handicapés à l'étranger, cette indivisibilité semble s’arrêter à la frontière. Le combat pour l'égalité des droits continue, mais le chemin reste semé d’embûches.