Malgré un ralentissement de l’inflation depuis septembre, une enquête de l’UFC-Que Choisir révèle que 66 % des Français continuent de restreindre leurs dépenses pour faire face à une économie incertaine. Dans un contexte où le coût de la vie pèse lourdement sur les foyers les plus modestes, de nombreux consommateurs font des choix contraints pour s’adapter.
L'enquête met en lumière une répartition inégale des efforts de restriction. Les personnes seules (70 %) et les familles monoparentales (69 %) sont les premières à réduire leurs dépenses. Ce phénomène s’explique principalement par un budget déjà très contraint par le coût du logement et les charges fixes.
À l'inverse, les couples sans enfant et les familles avec enfants montrent une meilleure capacité à reprendre une consommation normale, respectivement 40 % et 35 % d’entre eux n’ayant plus besoin de restreindre leurs achats. Les retraités, dont 59 % réduisent leurs dépenses, apparaissent moins affectés que les actifs (67 %) ou les étudiants (68 %), ces derniers étant particulièrement vulnérables face aux hausses de prix.
Catégorie de population | % de personnes restreignant leurs achats | Explications principales |
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Personnes seules | 70 % | Charges de logement élevées en proportion du revenu |
Familles monoparentales | 69 % | Faible flexibilité budgétaire |
Couples sans enfant | 40 % | Reprise progressive, meilleure résilience |
Couples avec enfants | 35 % | Capacité d’adaptation modérée |
Retraités | 59 % | Revenus fixes suffisants pour certains |
Actifs | 67 % | Revenus en décalage avec l'inflation |
Étudiants | 68 % | Pouvoir d’achat limité et hausses de prix difficilement supportables |
La relation entre niveau de revenu et choix de consommation se fait encore plus marquée. Les ménages percevant moins de 1 000 € par mois sont à 83 % contraints de limiter fortement leurs achats. À l’opposé, les foyers disposant de revenus supérieurs à 4 000 € affichent une résilience relative : 60 % d’entre eux ont repris leurs habitudes de consommation, bien que 40 % limitent toujours leurs achats, signe que la prudence économique demeure.
Pour préserver leur budget, de nombreux Français modifient leurs habitudes d'achat en réduisant la qualité ou la quantité des produits alimentaires et en restreignant certains postes de dépense jugés non essentiels. Les marques distributeur, plus accessibles, sont privilégiées pour l’alimentation, tandis que la viande, le poisson, et les sucreries voient leur consommation fortement réduite. En outre, les projets coûteux, les équipements de loisir ou les déplacements sont repoussés.
Catégorie de dépense | Ajustement observé | Exemples de stratégies mises en place |
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Alimentation | Privilégie les marques distributeur | Produits de base, réduction de certaines catégories |
Viande, poisson, sucreries | Diminution significative | Fréquence d'achat diminuée |
Loisirs | Budget réduit | Moins de sorties et voyages reportés |
Équipements ménagers | Achats reportés | Projets de gros achats retardés |
Automobile | Utilisation réduite | Diminution de l'usage ou achat de véhicule repoussé |
En dépit d'une inflation en baisse, atteignant +1,1 % sur un an en septembre, l'UFC-Que Choisir avertit que les signes de récession sont bien réels. La hausse des prix cumulée depuis début 2022 avoisine les 13,6 %, une réalité qui continue de grignoter le pouvoir d'achat des Français mois après mois. Grégory Caret, directeur de l’Observatoire de la Consommation, explique que les consommateurs sont contraints de réviser leurs priorités, voire de renoncer à certaines dépenses.
Par ailleurs, certaines hausses de coûts, comme l’énergie et les complémentaires santé, pourraient peser davantage dans les prochains mois. La consommation des ménages, moteur essentiel de l'économie, se voit freinée par une prudence qui pourrait perdurer.
Dans son projet de loi de Finances pour 2025, le gouvernement introduit quelques ajustements pour alléger les charges des foyers. Parmi ces mesures, l’indexation de l’impôt sur le revenu devrait éviter à plus de 500 000 ménages de devenir imposables. Néanmoins, les Français devront composer avec d’autres augmentations, telles que la hausse de la taxe de solidarité sur les billets d’avion ou encore la réduction de la prise en charge médicale par l'assurance maladie, qui pourrait entraîner une augmentation des cotisations de complémentaire santé.
Dans ce contexte de restrictions prolongées, les Français adoptent un modèle de consommation plus axé sur les besoins essentiels. Les prochaines années se dessinent sous le signe d’un équilibre précaire, où chaque dépense est mesurée et les projets sont soumis à des arbitrages minutieux. Bien que certaines mesures tentent de protéger le pouvoir d'achat, la prudence reste de mise et pourrait affecter durablement les comportements de consommation.
L’état d’incertitude semble donc parti pour durer, et cette période marque un tournant dans les habitudes des Français, qui, par choix ou contrainte, redéfinissent leur rapport à la consommation.